Le mardi 10 novembre 2023, l’Assemblée nationale a adopté un amendement apportant des précisions à la loi Evin, en vigueur depuis 1991. Cette initiative législative, qui vise à clarifier le cadre de la publicité autour des boissons alcoolisées, a immédiatement déclenché de vives réactions au sein de l’hémicycle. D’un côté, les professionnels du secteur viticole y voient une avancée vers plus de lisibilité. De l’autre, les défenseurs de la santé publique redoutent un affaiblissement des garde-fous existants. À l’heure où les canaux de communication évoluent, cette réforme ambitionne de faire cohabiter prévention et modernisation, sans renier l’esprit initial de la loi.
À retenir :
- L’Assemblée nationale a voté un amendement clarifiant la loi Evin sur la publicité des boissons alcoolisées
- Le texte vise à adapter la loi aux nouveaux supports numériques tout en conservant sa dimension préventive
- Les professionnels du vin saluent cette décision, tandis que les associations de santé publique expriment leur inquiétude
Un cadre législatif en mutation
Adoptée il y a plus de trois décennies, la loi Evin a profondément marqué la régulation de la publicité des boissons alcoolisées en France. Mais depuis, le paysage médiatique a considérablement évolué.
Conçue en 1991, cette loi porte le nom de Claude Evin, alors ministre de la Santé. Elle visait à limiter l’exposition du public, notamment des jeunes, à la promotion de l’alcool, en restreignant sa publicité à des canaux précis comme la presse écrite et les affichages réglementés.
Avec l’émergence du numérique, les règles d’hier sont devenues difficiles à appliquer. Les réseaux sociaux, les vidéos en ligne et les influenceurs ont bouleversé les modes de communication, rendant indispensable une révision du cadre légal initial.
- Les supports numériques ne figuraient pas dans la version originale de la loi
- La publicité en ligne échappait parfois aux contrôles prévus par le texte de 1991
Une clarification saluée par certains acteurs
Face au flou juridique persistant, les parlementaires ont adopté un amendement visant à préciser les contours de la loi. Cette décision était attendue depuis plusieurs années par les professionnels du secteur.
Le texte adopté le 10 novembre a été présenté comme une mise à jour technique, sans remise en cause du principe de prévention. La ministre de la Santé, Madame Benoit-Bernard, a exprimé sa satisfaction à l’issue du vote, y voyant une avancée vers une meilleure lisibilité des règles.
Pour les viticulteurs et les producteurs de spiritueux, cette clarification représente une opportunité de mieux comprendre ce qui est autorisé ou non, notamment en matière de communication digitale. Ils espèrent ainsi éviter les sanctions liées à des interprétations divergentes de la loi.
- Meilleure lisibilité des textes pour les professionnels
- Maintien de l’objectif de santé publique selon le gouvernement
Des inquiétudes du côté de la santé publique
Malgré l’approbation de l’amendement, plusieurs organisations se sont inquiétées de ses conséquences potentielles. Le débat reste vif autour des risques pour les populations vulnérables.
Des associations de lutte contre l’alcoolisme dénoncent un risque d’assouplissement déguisé. Selon elles, cette « clarification » pourrait ouvrir la porte à une publicité plus agressive, ciblant notamment les jeunes via les réseaux sociaux.
Madame la présidente de la commission des affaires sociales a exprimé ses réserves, rappelant que la loi Evin a toujours eu pour mission de protéger la santé publique. Marisol Touraine, ancienne ministre de la Santé, a également partagé cette préoccupation, soulignant que la prévention ne doit pas être diluée par les enjeux économiques.
- Risque d’exposition accrue à la publicité pour les jeunes
- Préoccupations exprimées par plusieurs figures du secteur médico-social
Un texte encore en débat au Sénat
Le parcours législatif de l’amendement ne s’arrête pas à l’Assemblée. Il doit désormais franchir l’étape du Sénat, où le débat promet d’être plus contrasté.
En général, les sénateurs se montrent attentifs aux arguments des associations de prévention. Plusieurs membres influents, dont la présidente de la commission des affaires sociales, ont déjà annoncé qu’ils examineraient ce texte avec vigilance.
- Le Sénat pourrait modifier ou rejeter certaines formulations de l’amendement
- Thierry Benoit et Yves Fromion pourraient jouer un rôle déterminant dans les discussions à venir
Le passage devant la commission des affaires sociales sera une étape décisive. C’est là que se confronteront les visions opposées de la modernisation de la loi et de la protection des populations sensibles.
Une évolution vers une loi plus adaptée à son époque
Si le texte est définitivement validé, la loi Evin pourrait entrer dans une nouvelle phase. L’objectif affiché est de mieux encadrer la publicité à l’ère numérique, tout en conservant sa vocation initiale de santé publique.
Gérard Sebaoun, rapporteur de la loi, a souligné que cette mise à jour ne vise pas un assouplissement, mais une adaptation au XXIe siècle. Ce positionnement a trouvé un écho positif parmi certains élus.
- Adaptation aux nouveaux médias sans renier les principes fondateurs
- Volonté d’éviter les interprétations divergentes entre les différents canaux de communication
Le défi sera de concilier innovation et prévention. La loi Evin, si elle évolue, devra continuer à garantir un cadre protecteur, sans devenir obsolète face aux nouvelles formes de publicité.
Le débat parlementaire autour de la loi Evin est loin d’être clos. Tandis que les discussions se poursuivent au Sénat, la question de l’équilibre entre modernisation du droit et protection de la santé publique reste au cœur des enjeux politiques et sociétaux actuels.




