Dans le paysage viticole français, certains affrontements dépassent les simples querelles de cépages. L’histoire d’Olivier Cousin, vigneron en Anjou, s’inscrit dans cette veine. Défenseur d’une approche naturelle de la viticulture, il a choisi de s’affranchir du cadre rigide imposé par l’appellation d’origine contrôlée (AOC). Cette décision a conduit à un procès retentissant à Angers, révélant les tensions croissantes entre traditions institutionnelles et pratiques écologiques. À travers son engagement, ce vigneron remet en question les fondements même du système d’appellation, au nom d’un vin vivant, libéré des codes industriels et plus respectueux des équilibres naturels.
À retenir :
- Olivier Cousin, vigneron en Anjou, a été condamné pour avoir produit du vin bio hors du cadre AOC.
- Il encourait 6 mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende.
- Son combat a mobilisé une large communauté favorable à une viticulture plus libre et respectueuse de l’environnement.
Un procès qui secoue le monde du vin
Le 10 novembre 2023, le tribunal correctionnel d’Angers a vu comparaître Olivier Cousin, figure emblématique du vin biologique dans la région. Ce procès inédit a mis en lumière une confrontation entre deux visions de la viticulture : l’une administrative, l’autre alternative.
Le chef d’accusation porté contre lui était clair : production et commercialisation de vin bio sans l’agrément de l’AOC Anjou. Une situation rarissime, qui a mis en ébullition les milieux viticoles et souligné les limites du système actuel d’appellations.
Ce type de poursuite interroge sur la place accordée aux producteurs indépendants qui choisissent une approche respectueuse de la nature, en dehors des standards imposés.
En s’attaquant à une figure engagée du bio, ce procès a révélé un malaise croissant dans le secteur, entre réglementation et liberté de création.
Une démarche viticole fondée sur l’éthique
Depuis la reprise du domaine familial en 1999, Olivier Cousin s’est engagé dans une viticulture biodynamique, délibérément éloignée des pratiques conventionnelles. Son objectif : créer des vins sincères, sans artifices.
- Culture biodynamique : recours à des préparations naturelles, respect des cycles lunaires, refus des produits chimiques.
- Vinification minimale : levures indigènes, pas de filtration excessive, absence d’additifs.
Olivier Cousin a volontairement quitté l’AOC Anjou, refusant de se soumettre à des contraintes qu’il juge incompatibles avec sa démarche artisanale. Il commercialise ses vins sous l’étiquette « vin de France », un choix assumé, mais risqué.
Ce positionnement marginalisé l’a exposé à la justice, malgré l’intérêt croissant du public pour des produits authentiques et durables.
Un modèle alternatif mis en accusation
Pour Olivier Cousin, produire un vin vivant, c’est avant tout respecter le terroir et la vigne. Une philosophie qui entre en tension avec la rigidité des cahiers des charges AOC, souvent accusés d’ignorer les enjeux écologiques actuels.
Le vigneron estime que les labels officiels ne garantissent pas toujours la qualité environnementale. Selon lui, ils sont parfois plus soucieux de préserver une image que de favoriser une agriculture durable.
- Sanctions encourues : six mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende.
- Chef d’accusation : usage non autorisé de l’appellation pour un vin produit selon des méthodes naturelles.
Cette condamnation a été perçue comme un signal inquiétant pour les producteurs qui souhaitent innover tout en préservant leur indépendance.
Une condamnation symbolique et controversée
Le verdict rendu par le tribunal a été unanime : Olivier Cousin est reconnu coupable. La peine, bien que symbolique, envoie un message fort aux vignerons qui s’écartent des sentiers balisés par l’administration.
Cette décision judiciaire soulève une interrogation majeure : est-il encore possible de produire du vin bio sans se plier aux normes de l’AOC ? Pour de nombreux professionnels, cette affaire représente une entrave à la liberté de produire autrement.
- Sanction confirmée : prison avec sursis et amende conséquente.
- Impact sur la profession : inquiétude croissante chez les producteurs bio non labellisés AOC.
Le jugement a également touché l’opinion publique, sensible aux enjeux environnementaux et à la défense d’une agriculture paysanne.
Une mobilisation sans précédent
Malgré la condamnation, Olivier Cousin n’a pas été isolé. Son combat a fédéré une vaste communauté, bien au-delà du cercle des amateurs de vins naturels. Associations, citoyens, vignerons et syndicats agricoles se sont mobilisés en sa faveur.
- Soutiens locaux et nationaux : mobilisation au tribunal d’Angers, pétitions et relais médiatiques.
- Appui institutionnel : la fédération viticole du pays de Loire a pris position en faveur du vigneron.
Cette solidarité reflète un désir profond de changement dans le secteur viticole. Le soutien à Olivier Cousin est devenu l’emblème d’un mouvement plus large pour une production libre, éthique et durable.
À travers cette affaire, c’est tout un modèle agricole qui est interrogé, entre standardisation et diversité des pratiques.
Un appel porté en justice
Décidé à ne pas abandonner, Olivier Cousin a fait appel de la décision. Son objectif dépasse la simple remise en cause du jugement : il souhaite provoquer un débat national sur la pertinence des appellations dans le contexte écologique actuel.
La cour d’appel a été saisie, relançant l’intérêt pour cette affaire. Le procès devient un véritable laboratoire juridique et symbolique pour l’avenir du vin bio en France.
- Nouvelle audience : un rendez-vous décisif pour la reconnaissance des pratiques alternatives.
- Enjeux du recours : légitimité des vins bio hors AOC et réforme du système d’appellations.
Le jugement en appel pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire de la viticulture française, en redéfinissant les contours de la liberté agricole.
Le combat d’Olivier Cousin dépasse désormais sa propre situation. Il soulève des questions fondamentales sur le droit de produire autrement, sur le respect de la biodiversité et sur la place accordée à la créativité dans l’univers du vin.
L’affaire n’est pas close. Elle continue d’alimenter les débats sur l’avenir du vin français, à la croisée des chemins entre tradition, innovation et urgence écologique.




